Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon

Les femmes propriétaires et l'exode rural

149 femmes sont identifiées comme propriétaire. Elles représentent près de 20% des propriétaires. Nous sommes encore loin d'une égalité homme/femme, mais la question de la propriété a été un vecteur permettant aux femme de prendre leur place dans certaines situations.

Comme indiqué ci-dessus, elles sont

soit veuves (Dans ce cas c'est le nom de famille et le prénom de leur défunt mari qui est la forme d'identification pour elles.) C'est le cas de 98 femmes.

soit elles sont héritières et célibataires (Dans ce cas elles sont identifiées comme les hommes par le nom, par leur prénom, par leur profession et par leur adresse). C'est le cas de 51 femmes.

Les femmes sont propriétaires d'une partie non négligeable du territoire. Elles sont propriétaires de plus de 21% des terres, jardin, pré et pâtures et de plus de 32% des vignes.

Cette constatation montre que cette place occupée par les femmes touche les différents groupes sociaux : la principale propriétaire de vigne est une femme de la noblesse et dans le même temps un grand nombre d'entre elles sont domestiques.

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Les lieux d'habitation des femmes qui sont propriétaires

Les lieux d'habitation sont particulièrement diversifiés pour les rentière : Nantes Mouzillon, Paris, Hennebon, Dinan, Viellevigne. Ces femmes sont dans un environnement ouvert, avec des moyens culturels développés (école, voyage, relations...)

La plupart des femmes habitent majoritairement à Mouzillon ou à proximités.

La majorité exerce les fonctions de domestique, ne justifiant pas de qualification particulière. 3 femmes ont acquis une compétence : tailleuse (à Gorges), lingère et couturière et (à Nantes).

Ces femmes issues des familles de laboureurs ont donc pris leurs distances avec leur famille d'origine. L'ont-elles fait volontairement ? L'ont-elle fait parce qu'on leur a imposé ? l'ont-elle fait pas nécessité ? Nous n'avons les réponse à ces question. En revanche ce qui est certain, c'est qu'elles ont vécu un exode rural dont ont parle peu dans les écrits, dans les traditions familiales. Pourtant cet exode rural féminin sera confirmé par les recensements à partir de 1836. et jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Exode rural

La migration de ces femmes au début du XIXe siècles fait penser à un évènement tragique qui s'est déroulé à Mouzillon le 26 mars 1698. Voici ce que rapporte les registres de la paroisse :

"Le vingtsixième jour du mois de mars 1698 est décédé Françoise Rebion en son vivant née à Saint Crespin, mineure cherchant son pain et décédée à la métairie de Champoinet, laquelle a été enterrée le vingtsept dans le petit cimetière en présence de Pierre Pineau, de Jacques Mesnager, Jean Mesnager qui ont dit ne savoir signer - Ainsi signé Dubois de la Feronière recteur."

Il existait donc une réelle misère à la fin du XVIIe siècle dans cette région. Les registres de l’impôt de capitation du XVIIIe siècle mettent en évidence l'écart croissant entre les différents groupe sociaux. Le relevé des propriétaires fait apparaitre l'exode rural de ceux qui vont ailleurs pour gagner leur vie, malgré leur fables compétences.

Et dans le prolongement de ces réflexions comment ne pas se demander si Mouzillon est resté longtemps avec la même population (légèrement supérieure à 1000 habitants, inférieure à 1500 habitants), parce qu'un accroissement ne permettait pas d'avoir la subsistance suffisante. Pour échapper à l'indigence, l'exode rural était une solution. Mais par fierté, il n'y avait pas de parole, pas d'écrit à ce sujet.